Axel Journiaux en costaud
Dans le vélo, il y a des jours où ça ne rigole pas. Ça, c’était lors de la première journée de la SportBreizh 2017 pour Axel Journiaux. Un chrono pour commencer qui n’est pas vraiment sa spécialité le matin, 50 secondes de retard, et l’après-midi une chute après avoir passé la « fraise rouge » dans la montée vers Braspart. Un incident qui compromettait ses chances au classement général. « J’avais vraiment les boules hier soir (vendredi) », admet le Costarmoricain du Vendée U Pays de la Loire. Et puis il y a des jours où ça rigole, comme ce samedi dans les raidars et les gwenojenn du Cap Sizun. Axel passait la ligne d’arrivée à Audierne, les bras levés poussant au passage un cri revanchard. Le coureur a accompli un exploit qui restera à coup sûr dans les annales de la course. Après la première escarmouche dans les premiers kilomètres menées par Théo Menant de la Creuse Oxygène, un certain Alexys Brunel et quelques autres coureurs dont les deux Rouennais Wilfried Canales et Alexis Guérin, un Vendée U de service en la personne de Simon Sellier, tout revenait dans l’ordre après le premier grimpeur et le premier gwenojenn. C’est à ce moment-là qu’Axel Journiaux porta son attaque, accompagné par son coéquipier Florian Maître. « Prends ma roue et suis-moi, voilà ce que m’a dit Axel », précise Florian. Preuve que le coup n’était pas prémédité. « Dans une épreuve normale, partir comme cela en début de course, cela aurait été de la folie. Mais ici, cela pouvait le faire », précise le vainqueur.
Les deux hommes prirent une vingtaine de secondes. Alexys Brunel, de nouveau, avait semble-t-il des fourmis dans les jambes et sortait en puncheur du peloton pour boucher le trou. Les trois coureurs se lanceront alors dans une escapade qui durera jusqu’au bout pour deux d’entre eux, même si l’épilogue de la pièce n’était pas écrit d’avance.
Florian Maître coince
Les trois échappés au fil des kilomètres parvenaient à creuser l’écart. Le trio était idéalement composé. Deux coureurs peu concernés par le classement général, à la recherche d’une victoire d’étape et un troisième compère, lui au contraire, très intéressé par le maillot de leader. L’entente ne pouvait être que parfaite et elle le fut. Les trois échappés comptant trois minutes d’avance à Guilers-sur-Goyen (Km 57). Comme il n’y a pas de petits profits, Axel Journiaux faisait les grimpeurs et Florian Maître s’occupait des gwenojenn. Quant à Brunel, il n’était pas avare de ses relais en compagnie des Vendéens.
Comme souvent dans ce cas-là, la mi-course passée, le peloton se mit à réagir, revigoré par le travail important des équipiers de Laurent Madouas. Devant, Florian Maître commençait à fatiguer et était distancé après Pont-Croix (km 91). « Cela allait moins bien depuis quelques kilomètres », constatait le Vendéen qui avait tout donné pour aider son coéquipier le plus longtemps possible. Il se consolera en prenant le soir la tête du classement des gwenojenn.
Un final époustouflant
L’échappée réduite à deux coureurs, beaucoup de suiveurs ne donnaient pas cher de la peau des téméraires. L’écart en effet s’amincissait, tombant à 1 mn, 20 sec. Si derrière, ils réagissaient, devant ils ne faiblissaient pas. Journiaux et Brunel maintenaient toujours une moyenne de plus de 40 km. Comme souvent dans ces cas-là, des costauds réussirent à s’extirper du peloton. Six hommes parvenaient à faire la jonction avec les deux premiers. Dès lors, Axel Journiaux se contentait de suivre. « Je n’avais pas à passer, car derrière Marlon Maillard essayait de rentrer », se défend le Costarmoricain. Et puis, il avait déjà peut-être un peu donné au cours de la journée. Marlon, vainqueur de l’étape du Cap Sizun l’an dernier, ne réussira pas à rentrer. Les huit se présentèrent donc sur la ligne, groupés. Et qui gagna ! l’homme du jour, Axel Journiaux. Admiration.
Le championnat de France
Alexys Brunel ne possède que 7 secondes de retard avant la dernière étape. Comme le jeune coureur du CC Etupes, mais originaire des Hauts-de-France, n’est pas du genre à abdiquer sur La SportBreizh, ça promet. A quelques jours du championnat de France Espoir, la forme est là. « J’ai déjà trois places de deuxième aux France. Ce serait bien de gagner enfin ! ». Mais le garçon qui n’a débuté le vélo il y a seulement trois ans, pense déjà à d’autres courses. Le Coureur de Boulogne-sur-Mer rêve des classiques flandriennes, de Paris-Roubaix…
La journée galère
Au soir des deux premières étapes, le leader Yoann Paillot nous avait confié qu’il allait prendre la course « au jour le jour ». Ce samedi ne fut pas son jour. Ennuyé par des ennuis mécaniques, le maillot jaune se retrouva coincé dans un deuxième peloton, devant cravacher pendant de nombreux kilomètres avant de pouvoir rentrer. Des efforts qu’il paya en fin d’étape. Il est toujours 4e au classement général à 33 secondes du nouveau leader. Comme demain est un autre jour, sait-on jamais !
Albert LE ROUX